samedi 7 juillet 2012

Une semaine au Sénégal : mission Dakar !

Ce voyage à Dakar, en voiture depuis Nouakchott, c'était en décembre dernier. Mais mon retour en France approche alors... je rattrape mon retard !

Cette mission se situe donc en décembre. Je pars au Sénégal pour le boulot avec deux collègues : Boye (maure noir, spécialiste en installations solaires) et Ghali (maure blanc, spécialiste en mécanique, groupes électrogènes, et conducteur de la Mercedes). Il y a une journée de route.


Objectif : récupérer l'éolienne Piggott que nous avons acheté au CIFRES (labo d'énergies renouvelables de l'université de Dakar), et rendre visite à un maximum de petites boîtes solaires pour nouer des partenariats, et nous inspirer de leurs pratiques.

A l'aller nous passons la frontière par le barrage de Diama, qui nous oblige à faire 2 heures de piste mauritanienne en Mercedes.. Mais les Mercedes ne sont pas en Mauritanie pour rien, et nous arrivons sans encombre au barrage. Rien à signaler à part quelques bouffées de sable surgissant dans la voiture, nous obligeant à la quitter en catastrophe, tout en crachant nos poumons.

Quelques pélicans proches du barrage (nous sommes au parc du Diawling) :

Et enfin.. le barrage ! Il se situe sur le fleuve Sénégal. D'un côté l'eau bleue de la mer, de l'autre, l'eau boueuse du fleuve. La frontière est passée sans trop de problème, nous avons un ordre de mission.


Après 50km de Sénégal, nous mangeons près de la gare routière de St Louis, lieu d'où partent les taxis de la ville. Un bon Thiéboudiène très sénégalo-mauritanien nous attend (riz-légume-poisson), dans une échoppe douteuse où on trempe son gobelet dans un grand sceau d'eau. Mmmmh



Puis un stop à Louga pour rencontrer un constructeur de moulins solaire (le bonhomme au béret) : ces appareils utilisent le courant de batteries alimentées en solaire pour faire de la farine. Ils tendent à remplacer les moulins diesel, même s'ils sont moins puissants. Ce bonhomme est le seul à en fabriquer au Sénégal. Il n'y pas de fabricant en Mauritanie, alors nous nous approvisionnons chez lui pour nos plateformes solaires (article à venir). Il est considérablement ennuyé par les coupures de courant, bien plus fréquentes au Sénégal qu'en Mauritanie, qui l'empêchent de construire ses moulins (soudure, découpe). Les coupures de courant constituent dans ce pays un frein économique dramatique.






Nous reprenons la route, en traversant des villages à l'ambiance si différente de la Mauritanie. Des arbres partout, des chevaux, beaucoup d'agitation.
Nous arrivons le soir à Dakar, après une bonne journée de route. D'interminables bouchons, comme tous les jours dans cette ville, nous font passer de longues heures dans la voiture... Dakar est réputée pour ses embouteillages. Tous le matins, tous les soirs, des kilomètres de voitures arrêtées, au centre ville, et jusqu'à des dizaines de kilomètre. l'EN-FER !

Nous logeons à la case de passage France volontaires de Dakar, puisque j'y ai mon entrée VIP.

Quelques images Dakar. C'est une grande ville, moderne, entourée d'eau, avec des grands immeubles, des bretelles d'autoroute, et d’innombrables quartiers, plus ou moins sympas.. Heureusement la mer, et les arbres (bien plus nombreux qu'à Nouakchott !!) et les bus bariolés permettent de respirer. L'agitation est permanente, il y énormément de monde. En fait cette ville frise l'asphyxie, elle est totalement surpeuplée. Les ressources en eau menacent car les nappes commencent à se saler, les coupures d'électricité vont bon train, les routes sont bouchées, la vie devient chère... mais les gens continuent d'affluer faute d'une politique nationale de décentralisation. En fait le Sénégal souffre de macrocéphalie aigüe : il y a autant de monde à Dakar que dans toute la Mauritanie, pour un pays 5 fois plus petit.






Les transports en commun sont plus colorés les uns que les autres. Malheureusement pour le touriste, et peut-être heureusement pour les passagers, ils vont être remplacés par des bus neufs, et tout blancs.


Ci-dessus le marché de noël, avec ses petits sapins chinois en plastique !


Un bout de côte, non loin de l'université où nous récupérons notre éolienne.

Quelques quartiers frisent le bidon ville



Un gros tas de déchets qui brûle en pleine ville. MMMh ça sent bon !


Pendant 5 jours nous naviguons à vue, prenons beaucoup le taxi mais avançons rarement plus vite qu'un cheval au pas (parfois nous sommes bloqués derrière !), nous demandons cent fois notre chemin et réussissons à visiter une dizaine de petites boîtes qui tirent leur épingle du jeu. Les taxes à l'import sont très élevées. Nous qui pensions trouver des fournisseurs en batteries ou panneaux, c'est plutôt le contraire qui risque de se produire : quand nous importerons en Mauritanie, nous revendrons au Sénégal à meilleur prix ! Il y a des entrepreneurs plus ou moins engagés. Certains surfent seulement sur la vague solaire, d'autres construisent de vrais projets en milieu rural, proposent des petits kits pas chers et utilisent même du micro-crédit. Il y a quelques boîtes qui commencent à proposer de l'efficacité énergétique, contrairement à la Mauritanie. Nous nous quelques contacts intéressants.


Enfin, après un transfert d'argent réalisé dans une boutique un peu louche, nous terminons par l'université pour réceptionner notre éolienne, construite localement sur la base du modèle Piggott (du nom de son concepteur, Hugh Piggott. Pour les intéressés des stages de construction existent en France, voir le site de Tripalium). Le projet à Dakar s'appelle EolSénégal, il a été initié en 2006 pour créer une filière autonome de construction d'éoliennes en petite série. Nous sommes un des premiers clients ! J'espère qu'un jour il se créera une filière similaire en Mauritanie, qui jouit d'un potentiel éolien considérable (une éolienne de 3m de diamètre sur la côte, c'est une dizaine de panneaux solaires). Cette éolienne corrige les problèmes de prix, d'entretien et de réparation posés jusqu'alors par les autres machines. Elle permet en outre de créer de l'emploi : menuiserie, mécano-soudure, et fabrication locale d'alternateurs discoïdes qui pourraient même être utilisés à d'autres fins.






Une des premières éolienne Piggott africaine, dans l'enceinte de l'université:







Voilà, le lendemain de bonne heure nous chargeons la Mercedes de notre éolienne démontée et de nos bagages, et nous reprenons la route. Quelques arrêts pendant le voyage :

Une dibiterie : le casse-croûte classique de 11h. Viande grillée plus pain. Délicieux. Notez le stock qui attend patiemment dans l'arrière-cours. On mange la viande chaude avec les doigts, puis on se lave les mains en sortant. C'est le top ! Pas de photo de nourriture, c'est assez mal vu... Il faut imaginer !





A chaque arrêt, des enfants Talibé nous assaillent. Ils sont des dizaines partout où nous allons. ce sont des enfants qui sont confiés par leurs parents à un marabout. Ce dernier leur enseigne le coran et leur donne une éducation. Ils doivent mendier pour manger, et pour lui ramener un peu d'argent. Ils se baladent avec leur gobelet contenant un fond de riz. Il y a la même chose en Mauritanie. C'est dur à accepter pour le voyageur mal initié que je suis ... "Pourquoi ils sont pas à l'école ?"

Mais le Sénégal c'est aussi la vraie brousse Africaine, et des baobabs impressionnants !


 Un petit stop à Saint Louis, ville pitoresque, avec une photo souvenir sur le pont Faidherbe, inauguré un mois plus tôt.









Et voilà, on avale les kilomètres jusqu'à Rosso, où on prend le bac pour traverser le fleuve. Des Talibé, encore et toujours, et l'agitation classique de ce genre d'endroit. Le bac est bondé, nous l'attendons un bon moment. On observe les gamins, qui ont l'air un peu désœuvrés ...




On approche de Nouakchott. Nous revoici au pays, c'est bon de retrouver le flegme mauritanien, et le calme des grandes étendues ! Dernière photo de nuit : la station d'autoroute locale, où nous nous reposons avant les derniers kilomètres : une khaïma sur le bord du goudron. Trois verres de thé et hop ! C'est reparti.
On arrive à Nouakchott morts de fatigue, de ce long voyage et de ces journées de rendez-vous. Mais j'ai découvert un pays que je n'oublierai pas de sitôt. Un pays plein de couleur, de vie, de belles robes, de gens vivants et accueillants, de beaux arbres, de belles coutumes. Un pays simple. Si différent de la Mauritanie, et pourtant si proche.

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