lundi 16 juillet 2012

L'épopée char à voile

Cet article rend hommage à un certain kart construit il y a une quinzaine d'année à la Carougnade ; kart que j'ai traîné à la ficelle noire, sous les coups de fouets de mon vénéré cousin... à qui je fais une bise !

Nous voici donc à Nouakchott en compagnie de Yaël, un week-end sans grande activité. Éclosion du projet en résumé rapide :

" Il faudrait trouver un truc à bricoler pour tuer le temps...
 - Un cerf-volant ?
 - Boaaah .. non c'est nul
 - Un char à voile ?
 - Mouais bof."
 
La construction du bolide s'est avérée plus longue que prévu.. Environ 4-5 mois entre l'idée et les premiers essais, ce dont les photos suivantes ne rendent pas compte.

On passe sur le choix des morceaux de ferraille, la négociation des roues de scooter, des axes, des roulements, du joint de cardan, du guidon de vélo, j'en passe.

On passe aussi sur les dizaines d'idées loufoques qui n'ont pas toutes abouti : intégrer des malles à goûter pour les grands déplacement, mettre des phares et un klaxon, mettre une deuxième voile, mettre un grand os de baleine sur la proue, faire un char amphibie, etc etc.

 
Nous voici donc au boulot. On a dégoté un poste à souder qui fait fondre tout ce qui passe à sa portée, de manière plus ou moins contrôlée. (Une pensée ici à Paulo, mon Maître soudeur !).

Les plombs sautent presque à chaque soudure. Ils sont réenclenchés avec la patience de la fourmi.




Content.

Moins content.

Greffe de guidon de vélo cross sur tube carré de 50 en acier, avec roue de scooter voilée sous son coulis d'antirouille:



Les camps d'entraînement d'Al Quaida deviennent de plus en plus techniques :


Notre plus gros coup de bol (et on en a eu ...) : la trouvaille d'un siège baqué biplace en composite, abandonné sur la plage !!!!!! Après ça, l'échec n'était plus permis.





On a longtemps rêvé de cette peinture blanche qui constituerait le clou final.. et puis, un jour, c'est arrivé :

Après une scène épique de couture de voile dans le souk mauritanien, avec une singer chinoise de la seconde guerre mondiale, le char commence à se sentir à l'étroit dans son cocon. Il a soif de grands espaces.
  

C'est l'heure du départ, et des premiers tests...




"Prêt ?


-Prêt."

Et puis après une heure d'essai, un empennage osé, quasiment à l'arrêt, a eu raison de notre mât. On guettait cette faiblesse depuis un moment.

Coup de blues.

C'est avec l'énergie du désespoir qu'on entreprend de faire une base de mât plus costaude.


Voici ce que ça donne : un deuxième fourreau qui double la hauteur du pied de mât, enserré avec gros un mors boulonné fait maison. GGGGGGNIA !!! Ça bougera plus.


 Ça mAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaarche !


Et dans l'autre sens aussi !

Record du monde de vitesse par faible vent, il faut presser le pas pour suivre le char .. Allez on note aussi quelques belles accélérations prometteuses, quand le vent le décide. Le comportement de notre engin est bon, la voile se gonfle bien, il est maniable, il ne fait aucun bruit. Pour nous, c'est un succès !



 Hop, on range le monstre, il faut en garder un peu pour l'inauguration officielle, qui se fera, inch'allah, dans un vent digne de ce nom.


Mais moi je ne veux plus quitter mon nouveau jouet:


Nous sommes maintenant lundi 16 juillet. Nous entretenons le mystère depuis 5 mois dans notre entourage. Des rumeurs s'installent ("Pssst ! Je crois qu'ils construisent une tour Eiffel en allumettes... Chut, ils arrivent".)

Nous invitons donc nos chers  compatriotes à une inauguration du char en grande pompe, bouteille de champagne dans le sac à dos. L'apéro est prêt, et WindFinder nous assure un vent à plus de 30km/h. On n'est pas là pour rigoler. Une quinzaine de personnes sont au rendez-vous.



Le dernier invité se fera attendre jusqu'au bout ... IL Y A PAS UN SOUFFLE ! Le vent a rarement été aussi faible, la bourrasque annoncée est un flop complet. Alors on pousse le char en courant, en imaginant qu'un peu d'élan fera des miracles. Fichus sports de vent !


Epilogue

Voilà. Yaël rentre en France dans quelques jours, et quand il reviendra je ne serai plus là. Alors on se dit qu'on l'a terminé un peu tard, ce char. On n'a même pas eu le temps d'en faire dans de bonnes conditions de vent.

Des cogitations s'installent pour le ramener en France.

On le découpe en morceaux et on les distribuent aux gens qui rentrent en France ? On le met dans un container ? Dans un camion légume ? Sur le toit d'une voiture ?...

Et si finalement on se laissait tenter...





samedi 7 juillet 2012

Océanide : inauguration Piggott en Mauritanie

Océanide est un restaurant qui a ouvert récemment sur la plage à quelques kilomètres de Nouakchott. Il est tenu par un couple mauritanien. On peut y dormir dans des cases ou bien des tentes plantées au bord de l'eau. Petit aperçu des lieux :






Les propriétaires nous ont demandé une installation site isolé pour alimenter tout l'éclairage, la sono et le frigo de la cuisine. Nous avons opté pour une éolienne 1kW (3m de diamètre), qui rechargera 4 batteries 12V/220Ah.

La grande première réside dans le type d'éolienne choisie : il s'agit d'une éolienne basée sur le modèle d'auto-construction Piggott, fabriquée entièrement au Sénégal (voir article précédent sur la mission à Dakar). Des centaines d'éoliennes de ce type tournent maintenant sur tous les continents, car le concept a fait ses preuves. Le caractère local de la construction facilite l'entretien, crée de l'emploi, et se montre particulièrement robuste à tout type de terrain.

Si l'expérience fait ses preuves, il sera possible de monter une filière de construction locale à Nouakchott, pour redorer le blason du petit éolien,. Les gens trouvent en effet que les éoliennes sont chères, difficile à installer et à entretenir. C'est vrai qu'elles sont plus chères que les panneaux solaires locaux (le plus souvent volés en Espagne et revendus sur le marché), mais l'auto-construction permet de diminuer les coûts par rapport aux éoliennes classiques, et le vent mauritanien assure une excellente production !

Nous voici donc chez Océanide pour la mise en place des 5 massifs en béton nécessaire à l'installation. 45 degrés à l'ombre, du sable dans les chaussures, un vrai régal:









Après quelques jours les massifs sont secs. On retourne dur place pour procéder à la mise en place du mât haubané de 12 mètres. Il fait toujours aussi chaud.. Heureusement une petite brise marine nous rafraîchit comme elle peut.





Tranchée de 60 mètres pour relier l'éolienne au tableau électrique. Argh on a choisi une gaine trop petite et il faudra la fendre sur toute sa longueur pour passer les 3 câbles électriques.. C'est le métier qui rentre !!


Le tableau électrique contient un régulateur de charge, une résistance de délestage, quelques protections électriques, les 4 batteries, et l'onduleur (en haut à droite) qui transformera le courant des batteries en 220V. On le raccorde directement à l'installation électrique du restaurant et des 3 petites cases.

Pendant ce temps je prépare la reine de la cérémonie, puis on la met en place au bout du mât:




Magie du tirfor et du mat basculant: nos petits muscles fatigués suffisent à monter lentement le mât... lentement mais sûrement. On vérifie en permanence la tension des haubans. Cette technique de levage a été peu utilisée en Mauritanie, pourtant c'est la moins chère et la plus efficace. Pas besoin de camion, ni de grue. C'est plus motivant pour l'entretien, et tellement moins cher.



Et voilà, magnifico !


Photo de famille devant l'installation... non le mât n'est pas de travers, c'est le photographe qui penche !

L'éolienne tourne depuis maintenant 2 mois, le restau a été inauguré, tout se passe bien, les ampoules éclairent, le frigo refroidit, la machine à café fait du café.. l'éolienne tourne en permanence, produisant tranquillement ses 250W 24h/24. j'espère que l'expérience sera renouvelée, et qu'une construction Piggott mauritanienne verra le jour.. Inch'Allah !